Vendredi avril 26th 2024

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Citations de Georges Sorel

« Dans la dictature du prolétariat, nous pouvons, tout d’abord, signaler un souvenir de l’Ancien Régime ; les socialistes ont, pendant très longtemps, été, dominées par l’idée qu’il faut assimiler le capitalisme au régime féodal ; je ne connais guère d’idée plus fausse et plus dangereuse ; ils s’imaginaient que la féodalité nouvelle disparaîtrait sous l’influence de forces analogues à celles qui ont ruiné le régime féodal. »

Georges Sorel, Réflexions sur la violence, 1908

« Les codes prennent tant de précautions contre la violence et l’éducation est dirigée en vue d’atténuer tellement nos tendances à la violence que nous sommes conduits instinctivement à penser que tout acte de violence est une manifestation  d’une régression vers la barbarie. Si l’on a si souvent opposé les sociétés industrielles aux sociétés militaires, c’est que l’on a considéré la paix comme étant le premier des biens et la condition essentielle de tout progrès matériel : ce dernier point de vue nous explique pourquoi, depuis le XVIIIe siècle et presque sans interruption, les économistes ont été partisans de pouvoirs forts et assez soucieux des libertés politiques. »

Georges Sorel, Réflexions sur la violence, 1908

« Dans une société riche, occupée de grandes affaires, où chacun est très éveillé pour la défense de ses intérêts, comme est la société américaine ; les délits de ruse n’ont point les mêmes conséquences que dans une société qui est obligée de s’imposer une rigoureuse parcimonie ; il est, en effet, très rare que ces délits puissent apporter un trouble profond et durable dans l’économie ; c’est ainsi que les Américains supportent, sans trop se plaindre, les excès de leurs politiciens et de leurs financiers. P. de Rousiers compare l’Américain à un capitaine de navire qui, pendant une navigation difficile, n’a pas le temps de surveiller son cuisinier qui le vole. »

Georges Sorel, Réflexions sur la violence, 1908

« Les philosophes sont mal disposés à admettre le droit pour l’art de maintenir le culte de la « volonté de puissance » ; il leur semble qu’ils devraient donner des leçons aux artistes et non en recevoir d’eux ; ils estiment que, seuls, les sentiments brevetés par les Universités ont le droit de se manifester dans la poésie. L’art, tout comme l’économie, n’a jamais voulu se plier aux exigences des idéologues ; il se permet de troubler leurs plans d’harmonie sociale ; l’humanité s’est trop bien trouvée de la liberté de l’art qu’elle songe à la subordonner aux fabricants de plates sociologies. Les marxistes sont habitués à voir les idéologues prendre les choses à l’envers et, à l’encontre de leurs ennemis, ils doivent regarder l’art comme une réalité qui fait naître des idées et non comme une application d’idées. »

Georges Sorel, Réflexions sur la violence, 1908

« Toutes les fois que l’on aborde une question relative au progrès industriel, on est amené à regarder l’art comme une anticipation de la plus haute production – quoique l’artiste, avec ses caprices, semble être souvent aux antipodes du travailleur moderne. Cette analogie est justifiée par le fait que l’artiste n’aime pas à reproduire des types reçus ; l’infinité de son vouloir le distingue de l’artisan commun qui réussit surtout dans la reproduction indéfinie des types qui lui sont étrangers. L’inventeur est un artiste qui s’épuise à poursuivre la réalisation de fins que les gens pratiques déclarent, le plus souvent, absurdes, et qui passe assez facilement pour fou, s’il a fait une découverte considérable ; – les gens pratiques sont analogues aux artisans. Dans toutes les industries, on pourrait citer des perfectionnements considérables qui ont eu pour origines de petits changements opérés par des ouvriers doués du goût de l’artiste pour l’innovation. »

Georges Sorel, Réflexions sur la violence, 1908

« L’industrie moderne est caractérisée par un souci toujours plus grand de l’exactitude ; au fur et à mesure que l’outillage devient plus scientifique, on exige que le produit présente moins de défauts cachés et que sa qualité réponde ainsi parfaitement, durant l’usage, aux apparences. »

Georges Sorel, Réflexions sur la violence, 1908

« Je m’arrête ici, parce qu’il me semble que j’ai accompli la tache que je m’étais imposée ; j’ai établi, en effet, que la violence prolétarienne a une tout autre signification historique que celle que lui attribuent les savants superficiels et les politiciens ; dans la ruine totale des institutions et des mœurs, il reste quelque chose de puissant, de neuf et d’intact, c’est ce qui constitue, à proprement parler, l’âme du prolétariat révolutionnaire ; et cela ne sera pas entraîné dans la déchéance générale des valeurs morales, si les travailleurs ont assez d’énergie pour barrer le chemin aux corrupteurs bourgeois, en répondant a leurs avances par la brutalité la plus intelligible. »

Georges Sorel, Réflexions sur la violence, 1908

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