Vendredi mars 29th 2024

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Citations Hippolyte Taine

« L’animal bourgeois par excellence est la fourmi: sèche, discrète, prudente, active, ménagère, qui se remue, trotte, range, amasse et cherche encore sans autre but qu’amasser, sans autre plaisir qu’agir; d’un esprit net, ferme et pratique, qui raisonne avec autant de précision qu’il calcule, railleur comme un homme d’affaires, incisif comme un avocat. Mais elle préfère encore les profits aux épigrammes. »

Hippolyte Taine, La Fontaine et ses Fables, Part.2, Chap.I, 1861

« C’est un monde avec un jugement sur le monde, que La Fontaine nous a donnés. »

Hippolyte Taine, La Fontaine et ses Fables, Part.2, Chap.I, 1861

« La fable est un genre où il ne faut qu’esquisser. C’est un tout petit poème, et comme une miniature d’épopée. Il n’y faut pas appuyer. Si vous insistez trop longtemps, comme font les Indiens, les conteurs du moyen âge, Chaucer, Dryden, l’animal efface l’homme, ou l’homme efface l’animal. A chaque instant ici on aperçoit l’un à travers l’autre. Ce n’est qu’une échappée, il ne faut pas qu’elle dure […] »

Hippolyte Taine, La Fontaine et ses Fables, Part.2, Chap.II, 1861

« Tant qu’un caractère reste en lui-même, il n’est pas; il faut qu’il agisse pour être. »

Hippolyte Taine, La Fontaine et ses Fables, Part.3, Chap.I, 1861

« En effet, pour l’observateur, il n’y a rien de si multiple que l’âme; rien de si gradué, de si fin, de si complexe, que les sentiments. Nos mouvements intérieurs sont la plupart du temps presque imperceptibles; notre vie ne se compose que de petites actions; nous ne cheminons que pas à pas; nous ne faisons rien tout d’un coup. Nous n’arrivons qu’après un progrès, et encore par des détours, sans cesse flottant entre deux sentiments, comme ces corps légers qui descendent lentement une rivière, et sont encore ballottés çà et là par les moindres flots. Ainsi, la poésie, qui suit les démarches de l’âme, doit se composer de petits mouvements et à chaque instant changer d’allure. »

Hippolyte Taine, La Fontaine et ses Fables, Part.3, Chap.I, 1861

« Tous les caractères que construit La Fontaine servent de preuve à sa morale, et tous les détails servent de confirmation à la preuve. »

Hippolyte Taine, La Fontaine et ses Fables, Part.3, Chap.I, 1861

« Le premier talent du poète consiste dans l’art de choisir les mots. Il faut qu’ayant l’idée d’un objet et d’un événement il trouve d’abord, non pas le mot exact, mais le mot naturel, c’est-à-dire l’expression qui jaillirait par elle-même en leur présence et par leur contact. Il y a cent expressions pour les désigner sans qu’on puisse se méprendre; il n’y en a que deux ou trois pour les faire voir. »

Hippolyte Taine, La Fontaine et ses Fables, Part.3, Chap.II, 1861

« Les fables sont remplies de ces sortes de mots: goujat, hère, racaille, etc.; et tout cela a sa raison. Les mots diffèrent, par le son d’abord; tout le monde sait qu’il y a des sons larges et francs, légers ou durs, élégants ou sales. Les émotions de l’oreille se transmettent à l’âme, et diminuent ou achèvent l’impression que l’idée a laissée. Ajoutez qu’ils diffèrent par leur origine et par leurs alliances. Ils se présentent à l’esprit avec les occasions où on les emploie. Ils se sentent de leur compagnie habituelle. Ils sont nés dans les tavernes ou dans les palais, dans le cabinet ou à la campagne; ils apparaissent avec un cortège qui leur donne leur titre et leur rang, humble ou élevé, dans le discours. Un poète, comme un législateur, doit respecter les places acquises, et ne pas mettre les beaux mots dans les bas emplois. »

Hippolyte Taine, La Fontaine et ses Fables, Part.3, Chap.II, 1861

« Un vrai peintre ne néglige aucune couleur, parce qu’il y a tel détail qui ne peut être rendu que par une seule teinte. »

Hippolyte Taine, La Fontaine et ses Fables, Part.3, Chap.II, 1861

« Les mots simples, comme les mots vulgaires, expriment des détails qu’eux seuls peuvent exprimer. »

Hippolyte Taine, La Fontaine et ses Fables, Part.3, Chap.II, 1861

« La Fontaine est assez poète pour commander à la mesure, et il aime trop le vrai pour être solennel à contre-temps. De métaphores, peu ou point, si ce n’est les figures du langage rustique; partout l’expression naturelle et primitive. »

Hippolyte Taine, La Fontaine et ses Fables, Part.3, Chap.II, 1861

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